Désaffiliation du PSL et de l’ISA

Par ce document nous voulons vous informer de notre décision de quitter l’ISA et sa section belge PSL-LSP. 

Depuis plus d’un an, un débat politique a lieu au sein de l’Internationale, en relation avec les perspectives mondiales et la construction de l’Internationale.

Cette confrontation a commencé initialement au niveau des hauts organes de l’organisation, mais s’est rapidement étendue à d’autres niveaux comme la VMU et les sections. Cette ouverture du débat aux membres nous a permis de constater que, outre les désaccords sur les caractéristiques de l’époque, nous avons également une compréhension différente de la conscience et du caractère des mouvements. Mais la chose la plus importante que le débat nous a montrée jusqu’à présent est qu’une perception différente du centralisme démocratique se trouve au cœur du débat, ce qui a déterminé le développement du débat sur d’autres questions également. 

Notre perception différente du centralisme démocratique nous a amenés à un dilemme inexorable : rester dans l’organisation, en violant nos principes politiques sur la démocratie dans une organisation révolutionnaire, ou la quitter. 

Nous avons choisi cette dernière solution, car pour nous l’organisation ou le parti n’est pas un objectif en soi, mais le moyen de réaliser nos convictions politiques, sur base de nos principes. 

Nous avons été choqués par le fait que la majorité utilise très facilement nombre d’étiquettes politiques pour caractériser la minorité, telles que : fédéralistes, révisionnistes, pessimistes, non-dialectiques, victim-blamers, etc. 

Nous avons été choqués de constater qu’une logique de loyauté envers la direction est cultivée parmi les membres des organisations. 

La majorité de la direction internationale semble percevoir le centralisme démocratique comme une structure verticale dont le départ est le comité exécutif et arrive jusqu’aux sections – mais pas dans l’ordre inverse. Le contact direct parmi les sections semble être interdit, si l’on en juge par le fait que les discussions sur les réseaux sociaux, comme facebook, sont clôturées.

Nous avons une vision différente de la façon dont une organisation révolutionnaire devrait fonctionner. Les documents ont déjà été soumis et diffusés, il n’est donc pas nécessaire de s’étendre davantage.

Le document sur la construction qui a été voté à l’IC, le mode de fonctionnement des organes de l’organisation, la façon dont les débats ont été organisés, tout cela  mis en évidence pour nous le fait que la direction adopte une approche “top-down” dans la procédure de prise de décisions. 

Elle choisit également d’imposer sa propre façon d’organiser tout débat sans tenir compte de l’avis de la minorité, si celle-ci exprime un désaccord.

C’est ce qu’a montré la procédure suivie pour l’organisation du débat avec la tendance lors de l’AG de Bruxelles et de l’AG de l’organisation belge : la majorité a fait une proposition u style “take it or leave it”, tant en ce qui concerne les sujets à discuter que les modalités pratiques, choisissant même, dans le cas de l’AG belge, d’envoyer un courriel d’information aux membres avant que la tendance n’ait exprimé son accord ou son désaccord. 

Cela s’est également manifesté par la manière dont nous avons été informés (lorsque cela s’est produit) des sections ou des groupes qui ont quitté l’ISA. Dans tous les cas, le même scénario s’est déroulé : aucune information pendant le débat; exclusivité de l’information fournie de la majorité de la direction internationale, de la manière et au moment que celle-ci a choisis. Blocage de toute autre information, mais aussi blocage de toute discussion entre les membres de l’Internationale : la discussion a été canalisée, ceux qui sont partis ont été étiquetés de fédéralisme, de dégénérescence nationale, de réformisme, de victim-blaming, etc. De l’autre côté, ceux qui sont partis ont dénoncé la majorité de la direction pour son comportement antidémocratique

Le traitement du débat sur le CdC a été similaire, qu’il s’agisse du débat dans l’AG belge ou en section. L’ensemble du processus, ainsi que le traitement de la proposition alternative qui a été présentée, ont cristallisé exactement cette logique – celle d’une organisation dans laquelle la direction sait mieux que quiconque et convaincra les membres de la justesse de sa position, de la manière et au moment qu’elle choisira. Et si les membres ne sont pas convaincus, ils devront néanmoins appliquer ce qui a été décidé “dans l’intérêt des membres”. 

Notre comité de section  avait discuté et conclu sur la structure de la discussion  sur le CdC en section. Cette décision a été modifiée, mais sans que le comité de section se soit réuni pour rediscuter la question – elle a été modifiée d’en haut. Nous n’avons été informés de ce changement que par hasard, lorsque nous avons demandé une clarification sur la procédure du débat. 

Pour nous, un comité de section est un organe de la section et non du CN/BE de l’organisation. 

Le choix propre  d’adopter un code de conduite, au lieu d’un document politique de principes, montre précisément une approche administrative et “top-down” de questions extrêmement graves et complexes. Ce choix ne réussit pas à comprendre que les questions politiques et sociales ne sont pas résolues de manière sèche administrative, en dressant une liste de comportements autorisés et interdits. On ne résout pas un problème en l’interdisant simplement. On ne répond pas à la méthodologie de la justice bourgeoise en revenant à ce qu’était la réflexion humaine avant même la Révolution française. 

Les organes élus de l’organisation ont fait le choix de soumettre aux membres la mise en œuvre immédiate du CdC et cela a été approuvé. Le document proposé par la majorité n’est plus un document à débattre, mais un document déjà adopté. Notre opposition à sa philosophie est claire, comme il est évident dans le document alternatif qui a été soumis à l’IC, et cela ne nous laisse pas d’autre choix que de quitter l’organisation.

Plus troublant encore est le fait que la majorité de la direction traite les membres de l’organisation sans montrer aucune confiance dans leur jugement et leur maturité politique. Les membres de la direction décident si et quand les membres peuvent poster des commentaires sur un post du groupe FB privé. Ils appliquent même cette décision sans en informer les autres membres de la direction elle-même ! De même, en plus de la discussion, même la diffusion de l’information est entravée, qu’il s’agisse de la désaffiliation de membres de l’organisation ou simplement de la diffusion de la newsletter de la tendance. 

En ce qui concerne ce numéro du bulletin de la TIDU, une résolution de l’IC, votée le 23 juin, interdit en fait sa diffusion. Cette décision antidémocratique n’est pas sans rapport avec le fait que les faits avérés exposés dans ce numéro exposent la direction de manière très frappante. 

Dans tous les cas, les récents événements dans le groupe FB et la façon vulgaire dont les camarades de la tendance ont été abordés, nous ont également laissé peu de choix sur notre avenir dans l’organisation.

La résolution de l’IC extraordinaire du 23 juin stipulait ce qui suit : 

“des plans potentiels sont en train d’être élaborés par des membres dirigeants de la TIDU pour désaffilier de l’ISA et tenter de retirer les sections grecque, chypriote, turque et de l’Etat espagnol de l’ISA“.

“l’IC réaffirme : la nécessité pour tous les camarades (y compris les anciens membres) d’adopter une attitude responsable vis-à-vis de la sécurité de tous les membres et militants et d’adhérer à la lettre et à l’esprit de notre code de conduite récemment adopté.”

Ces deux points cristallisent le concept décrit ci-dessus : les sections sont décrites comme des blocs dont les “membres dirigeants de la TIDU” peuvent simplement prendre avec eux et s’en aller!

Il est frappant de constater qu’il ne passe même pas par la tête de la majorité de la direction qu’après les récents événements survenus dans le groupe fb et le débat grec du 12 juin, les membres de l’organisation grecque ont élevé de vives protestations contre les problèmes politiques et le régime interne de l’ISA et ont ainsi accéléré les choses dans le sens de la désaffiliation.

En ce qui concerne le deuxième point de la résolution de l’IC (voir ci-dessus), nous voulons souligner que l’organisation n’a pas le droit de contrôler la vie des membres, et encore moins des anciens membres qui ont quitté l’organisation, en exigeant d’eux qu’ils appliquent le CdC ! Ce point précis, qui indique que l’on doit appliquer les décisions de l’organisation même après l’avoir quittée, montre clairement à quel point notre compréhension de l’organisation révolutionnaire est différente. 

Les signataires de ce document ont une longue histoire dans les mouvements et les organisations. Nous ne pouvons pas nous identifier au conservatisme et au paternalisme qui traversent le document du CdC.  Nous ne pouvons pas nous identifier à des perspectives et conclusions politiques erronées, ni à un centralisme anti-démocratique sec.

Nous adhérons pleinement au centralisme démocratique et l’avons consciemment choisi pour déterminer notre action politique. C’est dans cet esprit que nous avons opéré au sein du PSL et de l’ISA. Nous comprenons le centralisme démocratique comme une relation dialectique indissociable entre la démocratie et le centralisme. Mais nous regrettons de voir que l’organisation l’applique de manière trop centralisée, en qualifiant de fédéraliste toute personne qui n’est pas d’accord et en polarisant les discussions par l’utilisation de campagnes de dénigrement. Et il n’y a pas d’espace pour nous dans ce cadre.

Nous pensons que, si nous restions dans l’organisation, cela conduirait à davantage de frictions, sans qu’aucun résultat positif ne se profile à l’horizon pour aucune des parties. 

Dans tous les cas, nous nous retrouverons dans les rues.

Bruxelles, le 25 juin 2021

Marina Kontara

Konstantinos Iatropoulos

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